Contribution pour une histoire de l’école Camondo 017

Publié par Bertrand Ehrhart3 novembre 2016

Ethel Leon, enseignante chercheuse à l’Université de Sao Paulo et historienne du design, signe une monographie consacrée à Michel Arnoult, élève au Centre d’art et de techniques (CAT) l’année de sa création en 1944, et diplômé en 1946.

Arnoult est assez méconnu en Europe, tandis qu’il eut une très longue carrière de créateur, fabricant et diffuseur de mobiliers au Brésil, où sa société, MC (pour Mobilia Contemporeano) connut un grand succès de 1955 à 1974. Les productions signées Arnoult (1922-2005) ont continué à rencontrer leur public jusqu’à aujourd’hui.

Il est en Allemagne (Service du travail obligatoire) du milieu de l’année 1943 jusqu’en mai 1944 dans une usine de fabrication en série de berceaux en bois et métal.

Rentré à Paris, il est décidé à devenir créateur de mobilier, et s’inscrit au concours du CAT. Il serait ainsi le seul élève, selon Geneviève Pons, de la première promotion du CAT à ne pas avoir suivi les cours de l’ENSAD avant de rejoindre cette nouvelle école de l’Union centrale des Arts Décoratifs.

Les élèves du CAT devaient suivre des stages d’un mois durant leurs deux années d’études. Arnoult travaille dans ce cadre chez le grand décorateur Alavoine, et effectue un deuxième stage chez Beaufils où il dessine des plans de sièges.

En 1946, pas encore diplômé du CAT, il travaille chez Gascoin, peut-être en alternance avec les cours.

En 1947, diplôme en poche, il travaille pour Bloch & Cie à Mexico après avoir remporté un concours organisé par cette société alors qu’il était étudiant.

Il quitte Bloch la même année pour un voyage en Amérique latine avec la volonté de rencontrer Oscar Niemeyer.

De 1948 à 1950 Arnoult travaille pour la société Arquidec à Caracas au Venezuela, et pour Niemeyer à Rio de Janeiro en 1950.

Il reprend ses études en 1951 pour obtenir un diplôme d’architecte à l’Université de Rio.

Il y rencontre Norman Westwater, avec qui il fonde en 1953 la compagnie de meubles Forma.

Ethel Leon décrit le contexte brésilien de l’époque, où le boom immobilier du début des années 1950 n’est pas accompagné d’une industrialisation des productions comme en Europe ou aux Etats-Unis. Le développement rapide des infrastructures routières ajouté à la volonté d’Arnoult de produire du mobilier le décide à fonder sa propre société de création, de production et de distribution, avec l’idée dès le départ de meubles en kit et modulables, aisément transportables.

Leurs premiers clients sont leurs congénères diplômés en architecture, jeunes ménages de la classe moyenne supérieure.

Les fascicules promotionnels de la société Forma semblent directement inspirés de ceux réalisés par Gascoin quelques années plus tôt, avec des mises en scène des propositions d’ameublement et d’aménagement, solutions pour l’habitat etc.

C’est en 1955 qu’est inauguré un premier magasin Mobilia Contemporeano à Sao Paulo dans un quartier de la nouvelle classe moyenne. Le succès est immédiat, les concurrents restant sur une production plus luxueuse.

C’est la période au Brésil de la présidence de Kubitschek, à l’origine du projet Brasilia, avec le boom économique du pays émergeant.

Un deuxième magasin MC est créé à Ipanema en 1956, un troisième à Belo Horizonte en 1960.

En 1964 Arnoult est membre du directoire de l’ABDI, Association brésilienne de design industriel.

1967 voit le lancement du catalogue de vente Mobilia Contemporanea (MC), 1968 un quatrième magasin à Rio de Janeiro.

La société ferme en 1974, Michel Arnoult produira de nombreux meubles, sans discontinuer, jusqu’à sa mort en 2005.

Michel Arnoult a sans doute été influencé par le mobilier de la reconstruction sur lequel il a travaillé chez Gascoin, et probablement par la firme suédoise Nordiska Companiet, qui produisait du mobilier en kit dès 1950.

Cet ouvrage, Michel Arnoult, Design e utopia, Moveis em série para todos, est disponible à la bibliothèque de l’école Camondo, le texte est en brésilien mais des résumés en anglais sont édités en fin d’ouvrage.

On peut également se référer aux trois articles du blog arte fac(to)tum consacrés à Michel Arnoult.

L’image en Une de cet article provient des archives familiales de Michel Arnoult.

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