Olivier Marc

Enseignant.e de 1965 à 1969

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Élève diplômé de l’école Camondo en 1950 (même promotion que Pierre Paulin)

Enseignant chargé des cours « Architecture » et « Recherche expérimentale tridimensionnelle » à l’école Camondo de 1965 à 1969

ANONYME, Coupure de presse, Source inconnue, 1973.

Né en 1930 à Bihorel-les-Rouen (Seine Maritime), Olivier Marc est un produit de la formation dispensée par le Centre d’Art et de Techniques créé en 1944. D’abord diplômé du C.A.T. en 1950, il passe ensuite de l’autre côté des bancs de l’école, en intégrant l’équipe pédagogique. Il est chargé d’enseigner les cours d’Architecture et de Recherche expérimentale tridimensionnelle pendant trois ans. Son passage aux Beaux-Arts ne semble pas avoir participé à sa formation, puisqu’il quitte cette école vers 1950 pour « incompatibilité de doctrine ». L’architecte a cependant complété sa formation par des stages en architecture, combinés à une formation à l’Ecole Supérieure du Génie (Maroc). De la réalisation de cubes destinés à la méditation, à la conception d’une maison de plaisance pliable, ou encore l’imagination d’un canapé futuriste dont la forme s’inspire de la position d’un épagneul durant sa sieste,  ses projets sont variés et se distinguent par leur originalité. Mais ils traduisent toujours en somme une volonté de remettre en cause les fondements traditionnels, un retour à l’essentiel, à l’ordre naturel. Olivier Marc oeuvre pour la construction d’édifices religieux originaux  comme le centre paroissial Saint-Paul en béton enduit (Nord) ou la chapelle Saint-Jean Bosco, à l’allure de tente (Besançon).

Eglise Saint Paul de Beuvrages, Photographie Maxime Crambreling, 14 août 2012

Chapelle Jean Bosco, Photographie Arnaud Castagne, publié dans l’Est Républicain

Sa conception de l’architecture est engagée. Fervent contestataire de la période pré-1968, il prend en compte l’ordre social et intègre les questions sociologiques des années 50-60 à son travail d’architecte. C’est donc naturellement qu’il se tourne vers des projets d’urbanisme en Afrique, en intégrant l’équipe de recherche de Vladimir Bodiansky, dans le cadre de l’ATBAT-Afrique en 1954 ; collaboration qui l’amène à faire converger créativité et nécessité d’adaptation aux contraintes inhérentes à l’espace donné, notamment les zones de bidonvilles du pays. L’importance qu’il attribue à l’urbanisme se confirme par des missions réalisées pour l’Institut d’Urbanisme de l’Université de Paris et ses très nombreux voyages d’études notamment au Japon, au Cambodge et à Hong-Kong ; pays dans lesquels il travaille en lien avec la Direction de l’Urbanisme et de l’Habitat situé à Phnom-Penh. De manière plus large, il travaille pour l’ATBAT-France (Atelier des Bâtisseurs) à Paris de 1956 à 1963. Durant ces sept années, il est chargé des études techniques pour la réalisation de l’équipement hospitalier de treize hôpitaux (Haute-Volta, ancienne colonie de l’Afrique Occidentale française), la construction d’un collège (Abidjan), une école d’administration (Bobo-Dioulasso), et enfin un château d’eau accompagné de sa centrale thermique (Dame-Blanche). La présence d’Olivier Marc ne se limite pas au continent africain, il est également actif en Antarctique. En effet, il collabore avec l’explorateur Paul-Emile Victor en tant qu’architecte des expéditions polaires françaises en 1963 sur des missions localisées en Antarctique et en Arctique. A ce titre, il construit une base polaire en Terre Adélie. Quelques années plus tard, il participe à la création du premier musée des pôles en France, le Musée de l’exploration polaire(Prémanon, Jura), principalement pensé par Pierre Marc entre 1987 et 1988. A la suite de ce musée, en 1988, est fondée une association dont font partie Olivier et Pierre Marc. De ses voyages à l’étranger – principalement au Maghreb, en Afrique de l’Ouest et en Asie – ont notamment émergé les articles suivants : Jardins du Japon ou la beauté dans la simplicité, dans la revue Art et architecture, n° 39, et Jardins brésiliens, dans Art et architecture également, n° 46.

C’est en 1965 qu’il débute sa carrière en tant qu’enseignant au C.A.T. dispensant ainsi les cours d’Architecture et de Recherche expérimentale tridimensionnelle – comme son collègue Carlos Carnero – à l’ensemble des élèves de la 1ère à la 5ème année. Cependant, il quitte l’école après seulement trois années d’enseignement. Il condamne la réprobation du directeur, Henri Malvaux, vis-à-vis de sa participation aux événements de mai-juin 1968 : révolte menée de front avec les élèves de Camondo visant à la suppression totale de l’enseignement des styles classiques. En 1968-1969, Henri Malvaux condamne ces révoltes et maintient encore l’utilité des cours de Style, notamment dispensés par Jean Poubel. De bord politique différent, Olivier Marc et Henri Malvaux qui s’entendaient jusqu’alors du point de vue de la pédagogie, ne parviennent pas à trouver de compromis et Olivier Marc donne sa démission en 1969, après le remplacement de son cours de recherche expérimentale par un cours d’initiation à l’architecture, perçu comme un affront. Olivier Marc poursuit sa carrière d’enseignant au centre d’Art expérimental où il est titulaire de la chaire d’architecture.

Olivier Marc multiplie les collaborations avec sa femme Varenka Marc (1930-2017), architecte, sociologue et psychanalyste spécialiste de l’enfance, notamment dans le cadre de l’élaboration de son cours expérimental à l’école Camondo. Ensemble, ils créent ensemble l’agence d’architecture « Varenka et Olivier Marc », située 12 rue Saint Louis en L’île, dans le 4earrondissement. Cette dernière l’amène à se former à la psychanalyse : Olivier Marc fait partie du groupe d’études C. G. JUNG, association encore active en 2021, qui promeut et confronte la pensée de Carl Gustav Jung, à travers des cycles de conférences. De 1973 à 1975, des conférences mensuelles sont données par Olivier Marc, dans le cadre de séminaires portant sur la « Psychanalyse de la maison » et « La dépression ». Les titres évocateurs de ses interventions tels que « La Maison image du Moi », « Le visage de la maison » ou « Dépression et créativité » rendent compte d’une certaine mouvance des années 1970, qui tend à faire converger les disciplines, ici l’architecture et la psychologie. De nombreux ouvrages ressortent de cette association d’idées, notamment Psychanalyse de la maison, – ouvrage dont la lecture était recommandée, jusqu’au début des années 1990, parmi d’autres références jugées indispensables à la formation d’architecte d’intérieur à Camondo – ainsi que des articles comme Votre maison est votre plus grand corps paru dans la revue Corps écrit.

L’ensemble des documents cités est consultable à la bibliothèque de l’école Camondo.

 

Sources principales : Archives de l’école Camondo, Dossier enseignant, « Olivier Marc ».

Voir l’article signé Manon Kalbez

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