« De l’immeuble à la petite cuillère. L’architecture, le décor, l’objet »

La profession d'architecte d'intérieur, une histoire parallèle

Une communication d'Alexis Markovics au colloque  organisé par Aziza Gril-Mariotte (Université de Haute-Alsace, Mulhouse) et Hervé Doucet (Université de Strasbourg),  Strasbourg 20 et 21 mars et Mulhouse 22 mars 2019, intitulé « De l’immeuble à la petite cuillère. L’architecture, le décor, l’objet ».    

La profession d’architecte d’intérieur : une histoire parallèle.

 

« L’architecture intérieure, ça n’existe pas »[1]. C’est avec cette formule, à la fois provocatrice et navrée, que Bertrand Ehrhart, responsable du centre de documentation de l’école Camondo a commencé, en 2015, une série de billets d’humeur soulignant les incertitudes d’une profession qui possède ses instances corporatistes, ses écoles, une pratique attestée et qui peine pourtant à s’affirmer. Pendant que le Conseil Français des Architectes d’Intérieur (CFAI) tente en vain de protéger l’appellation, les écoles d’art et de design du Ministère de la Culture, l’enseignent parfois, mais sous la dénomination de design d’espace. À tel point que les travaux universitaires en traitant, passent tous par la question sémantique, celle de la définition de sa pratique comme des ses praticiens[2].

L’hypothèse que nous développons est que cette profession est légataire de la tradition des arts décoratifs, bien que parfois amnésique, elle est l’héritière de celle des décorateurs, et descend en ligne directe des métiers et des ateliers. Néanmoins, qu’il s’agisse du décor ou de la conception intérieure, ce domaine de la création a toujours relevé de celui de l’architecture. Accédant, en France, à un statut savant à la fin du XIXe siècle, les architectes d’intérieur se sont définis par rapport aux architectes, qui, pour leur part, se sont organisés, stabilisés et réglementés durant la même période, mais avec un temps d’avance. Les deux professions rencontreront d’ailleurs les mêmes obstacles et se poseront les mêmes questions. Cela nous semble donc être une évidence : l’architecture intérieure ressort de l’architecture.

Nous pourrons essayer de déterminer en quoi la pratique des architectes d’intérieur est une pratique libérale et intellectuelle, celle du projet et de la maîtrise d’œuvre, à l’instar de celle des architectes. L’histoire de l’École Camondo nous servira à prouver l’absence de réelle rupture entre les métiers de décorateur et d’architecte d’intérieur. Ainsi, il nous sera possible de remonter à l’origine de l’histoire de cette pratique afin d’en saisir les liens avec la profession d’architecte. Enfin, nous pourrons essayer de montrer comment les décorateurs accèdent à la reconnaissance de leur activité, au moment même où la profession adopte son credo : le code Guadet.

[1] La recherche Ecole Camondo, Bertrand Ehrhart, «L’architecture intérieure ça n’existe pas», [en ligne], disponible sur : https://ecolecamondoblog.wordpress.com/2015/02/02/larchitecture-interieure-ca-nexiste-pas-001/ (consulté le 09/03/2019).

[2] DARTY Franck et MÉNARD François, « La construction de la professionnalité des architectes d’intérieur. Un enjeu pour la formation », dans Recherche sociale, N°153, Paris, janvier-mars 2000, OLLIVIER Carine, Les architectes d’intérieur. Division du travail et concurrences, thèse de doctorat de l’Université de Versailles Saint-Quentin-En-Yvelines, École doctorale des Sciences Sociales et des Humanités : « Culture, Organisations, Législations », sous la direction de Didier Demazière, soutenue en 2010, CALIGNON de Valérie, Architecture intérieure, processus d’indépendance, 1949-1972. Une autonomie réinventée ou la révolution du composant, thèse de doctorat de l’Université Paris I-Panthéon Sorbonne, École doctorale d’histoire de l’art, ED 441, sous la direction de Dominique Rouillard, soutenue en 2015.

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