Enseignant en architecture intérieure dite contemporaine de 1967 à 1975 à l’école Camondo
Les archives de l’Ecole conservent une lettre signée Henri Malvaux, confirmant à Jacques Dumond qu’il est attendu le mardi 9 janvier 1968.
Il précise qu’il interviendra en année de diplôme, jusqu’au mardi 19 mars inclus, et que Joseph-André Motte prendra la suite de son cours jusqu’à fin juin.
Dans la réponse de Dumond à Malvaux, on apprend que ce cours est dispensé pour la deuxième année consécutive, que son cours aura lieu le lundi plutôt que le mardi, et, répondant à la question de sa disponibilité des jeudis, Dumond informe l’Ecole qu’il « s’occupe de la SAD » tous les jeudis.
Les archives font état d’un dernier contrat de travail pour Jacques Dumond à Camondo, pour un enseignement, toujours en 5e année, durant l’année scolaire 1974-1975.
Son CV (1967) du dossier enseignant des archives de l’Ecole indique que Jacques Dumond est né le 13 octobre 1906, qu’il est Officier de la Légion d’honneur, Chevalier des Arts & lettres, Officier d’académie, professeur à l’ENSAD depuis 1947, membre du Comité de l’UCAD, de la Société d’encouragement à l’art & à l’industrie, et de la SAD.
Il indique encore être (en 1967 donc) Premier vice-président de l’Institut d’esthétique industrielle, et qu’il fut vice-président pendant 15 ans de la SAD, membre fondateur de Formes Utiles, membre du Cercle d’études architecturales, membre du CAIM.
Et de lister ses principales réalisations :
- Architecte en chef de la section française à l’exposition internationale du travail de Turin en 1961
- Architecte décorateur du Pavillon de Paris à l’Exposition internationale de Bruxelles 1958
- Architecte en chef de l’Exposition Formes industrielles Paris 1963
- Ambassade de France à Sarrebrück
- Théâtre de la ville du Mans
- Mairie de Saint-Nazaire (salle des fêtes, bureau du maire etc)
- Grand salon touriste du paquebot France
- Deux foyers d’artistes à la Maison de la radio à Paris
- Présentation d’un étage au Pavillon français de l’Exposition internationale de Montréal 1967
A profession, Jacques Dumond indique : Décorateur
Le 29 février 1972, Jacques Dumond fait une « Causerie » aux élèves de 5e année, où le statut de l’architecte d’intérieur est abordé dans le contexte économique d’une part, et politique pourrait-on dire, d’autre part, où, déjà, ou comme toujours, les architectes d’intérieur sont pris en sandwich entre les designers, qui cherchent à affirmer leur autonomie et les spécificités de leur discipline, et bien sûr les architectes, qui cycliquement, comme on sait, se montrent parfois hostiles à l’affirmation du métier d’architecte d’intérieur.
Source: Causerie de monsieur Dumond aux élèves de 5ème année de l’école Camondo, le 29 février 1972 à 17H30, archives de l’école Camondo
D’après la notice bibliographique, René Lesné, 250 illustres, 1767-2017 – Dictionnaire – De l’Ecole royale gratuite de dessin à l’Ecole nationale supérieure des Arts Décoratifs – Paris, 2017, éditions AR DE :
Après des études à l’Ecole Boulle (1923-1927), il exécute de nombreuses commandes pour le Mobilier national et expose régulièrement au SAD et au Salon des arts ménagers. Pendant la guerre, en 1943, faute de matériaux, il adopte le rotin et édite des chaises dont l’ossature en bois est constituée d’une enveloppe tissée avec ce matériau. En 1946, il présente un ensemble mobilier en planches de 20mm d’épaisseur, sans vis ni clou et combinées à l’aide de clefs interchangeables. Ce mobilier, destiné aux sinistrés, est montable et démontable à volonté. En 1947, avec Louis Sognot, chef d’atelier de l’Ecole (ENSAD) de 1947 à 1962, il conçoit un ensemble de mobilier de série en contreplaqué moulé, publié dans Architecture d’aujourd’hui. Les deux hommes regrettent alors qu’aucun industriel ne s’intéresse à ce procédé.
Professeur de construction de meuble depuis 1946, vice-président de la SAD depuis 1950, membre du comité directeur de l’UAM, il est conscient, avec d’autres de ses collègues de l’Ecole, de la nécessité d’un changement important dans l’approche de « l’art industriel ». En 1952, dans une lettre adressée au directeur Léon Moussinac, il souligne l’impérieuse nécessité d’introduire une approche de « l’esthétique industrielle » dans la formation. De son point de vue : « Les études qui s’appliquent à la réalisation artisanale semblent aujourd’hui trop étroites » et il préconise le développement de l’enseignement de la technologie et un élargissement de la composition vers des « programmes d’objets réalisés industriellement ».
Dumond oeuvre au sein de l’Ecole (ENSAD toujours) et à l’extérieur pour ouvrir le débat face aux défis de plus en plus pressants suscités par l’industrialisation. Dans Esthétique industrielle, dont il est membre du comité de rédaction, il multiplie les articles : « La décoration fonctionnelle », « L’interrupteur électrique », La radio et la télévision chez soi »… A la SNCF où il travaille jusqu’au début des années 1960-1970, il conçoit et modernise les cabines des wagons-lits. Roger Tallon qui lui succède reconnaît la qualité de l’homme : « Le travail qu’il a fait sur les wagons est indiscutable. D’ailleurs, à la SNCF, ils lui attribuaient le titre d’ingénieur… ».
Mobilier & décoration n°2, 1954 :
Jacques Dumond est né à Paris le 13 octobre 1906, d’une famille d’artisans. Après l’École Boulle (1923-27), il fait un stage chez l’architecte Patout. Ses premières réalisations, villa à Bucarest pour le Ministre de France en Roumanie, datent de 1927.
En même temps qu’il exécute des Installations particulières, Il reçoit des commandes du Mobilier National : Bureau du Chancelier de l’Ordre de la Libération en 47 ; mobilier pour MM. Dumaine, chef du Protocole et Mécherit, à l’Élysée, pour le Général Eisenhower à Marnes la Coquette ; installation et mobilier, en collaboration avec Henri Navarre, du magasin de vente de l’Administration des Monnaies et Médailles ; de la Banque d’ AIgérie et de Tunisie ; d’un service du Crédit National ; de l’Institut Forestier tropical dans son nouvel Immeuble de Nogent ; salons et salle à manger de l’Ambassade de France à Sarrebruck, etc.
Jacques Dumond, depuis 1944, expose régulièrement aux Salons des Artistes Décorateurs, d’Automne et des Arts Ménagers, a participé en 51 à l’Exposition « Preuves » et a été choisi pour représenter le meuble français de luxe à la Triennale de Milan ; en 53, Il a organisé la présentation de l’Exposition du Congrès International d’Esthétique Industrielle.
Jacques Dumond, membre du Bureau de la Société des Artistes Décorateurs (1er vice-président depuis 1950), du Comité directeur de l’U.A.M., du bureau de l’Institut d’Esthétique Industrielle et du Comité d’Organisation de « Formes utiles », professeur à l’École Normale Supérieure des Arts Décoratifs depuis 1947, est Chevalier de la Légion d’honneur depuis 1953.
Jacques Dumond est architecte autant que décorateur. Bien qu’à l’Ecole Boulle il ait choisi l’atelier d’ébénisterie, que l’expérience acquise et ses goûts fassent de lui un excellent technicien du meuble, il ne conçoit pas celui-ci isolément mais lié à l’ensemble architectural et à des problèmes d’esthétiques précis : un mobilier doit se concevoir en fonction de l’espace qu’il occupe et de l’ambiance à laquelle il participe ; une ordonnance intérieure est faite d’éléments abstraits : volumes, couleurs, lumière que l’architecte décorateur doit organiser.
Un meuble doit être construit en rapports avec sa fonction et ses vertus esthétiques et matérielles doivent assurer sa durée. dépouillé de tous éléments non essentiels, la couleur et l’emploi, sur le support bois, de matériaux nouveaux, doivent y figurer l’apport nécessaire de la fantaisie et de la sensibilité.
Jacques Dumond estime qu’un décorateur, pour exercer efficacement son art et son métier, doit avoir des connaissances très étendues, allant du plus petit détail réaliste jusqu’aux généralités esthétiques les Plus abstraites. Il professe que pour être de son temps un artiste doit collaborer avec l’ingénieur dont le rôle est essentiel dans l’évolution actuelle de l’équipement de l’habitat. Mais ainsi envisagée, d’un point de vue logique et rationnel, l’oeuvre de l’artiste n’aura de valeur vraiment humaine qu’à la condition d’être conçue en fonction des besoins et goûts de l’individu ou de la collectivité.
Ainsi intervient une nécessité psychologique, d’une importance déterminante. Ces convictions, ces principes, personnellement acquis, expérimentés, devaient, de toute évidence, entraîner l’adhésion de Jacques Dumond à l’Union des Artistes Modernes dont il est membre du Comité directeur.