Tératologie urbaine

Publié par Bertrand Ehrhart8 juin 2015

Les arts appliqués et autres beaux-arts ne sont pas exclus du champ du design, et réciproquement : les designers les plus novateurs sont parfois des artistes, souvent des architectes.

Pour se convaincre de la transversalité de ces pratiques, la proposition de Simon Boudvin, enseignant et plasticien, pour une tentative de définition de la tératologie urbaine :

(…) nous pouvons distinguer trois ensembles générateurs de monstres urbains : le premier comprend les témoins de pratiques alternatives, éléments de bricolages nécessaires aux usages quotidiens ; le second les effets de la dégradation des matières, les micro-ruines urbaines ; le dernier regroupe des objets issus des jeux d’hybridations stylistique, du goût excessif pour l’ornement.
Par éléments de bricolages nécessaires aux usages quotidiens, et par des objets issus des jeux d’hybridation stylistique, on comprend que la tératologie urbaine implique potentiellement des productions, spontanées ou élaborées, d’objets de design.

On reviendra sur cette idée du design sans designer, que l’objet soit produit par nécessité (on pense aux ouvriers ou paysans contraints d’élaborer les outils que l’industrie n’a pas prévu de produire, ou aux stratégies de survie des sdf et autres détenus dans les prisons), ou qu’il soit produit dans un but ornemental.

Le projet artistique de Simon Boudvin se situe dans un contexte urbain, avec des références à la fois topographiques et typologiques. Il convoque des artistes de toutes générations, performeurs ou photographes comme Didier Courbot, à commencer par Eugène Atget, dont on comprend que les reportages sur l’espace public parisien aux alentours de 1900 peuvent être considérés comme la préhistoire de l’étude des monstres urbains.

Sur la tératologie : Le monstre dans l’art occidental, un problème esthétique, Gilbert Lascault, Editions Klincksieck, 2004
Sur la tératologie urbaine : Paysage d’images : essai sur les formes diffuses du contemporain, Alain Mons, Paris, L’harmattan, 2002 ; l’auteur fait allusion à ce qu’il appelle une propension tératologique de la texture urbaine, à propos du paysage urbain contemporain, notion reprise dans Le paysage urbain: représentations, significations, communication, sous la direction de Pascal Samson, Paris, L’Harmattan, 2007, dans le chapitre intitulé Le paysage urbain comme chaos. Figures photographiques, et parle d’une propension tératologique de l’espace, révélé par des pratiques photographiques contemporaines.

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