Le design de la laideur qui se vend mal (Raymond Loewy, 1952) mettait l’accent sur l’amélioration formelle de produits proposés par des ingénieurs : des automobiles, des appareils électroménagers, du mobilier…
Le sens du mot design a évolué très rapidement, jusqu’à s’appliquer à des domaines très larges des activités humaines.
Les anglo-saxons parlent depuis longtemps de graphic design, d’interior design, d’architectural design, de marketing design, etc.
Mieux encore, les créationnistes américains avancent aujourd’hui avec un faux nez, en utilisant le terme d’« Intelligent design » comme substitut à celui de Dieu le créateur.
Le terme Design, en anglais, a fini, donc, par servir quasiment de suffixe, qu’on utilise à toutes sortes de sauces.
Les civilisations de la vieille Europe suivant, comme le veut le cliché souvent vérifié, les concepts américains, avec plus ou moins dix années de retard, devons-nous comprendre, en français, le terme design, comme un mot destiné à quasiment devenir préfixe (puisque le français se construit à l’envers de l’anglais) ?
Plutôt que de graphiste, faut-il dorénavant parler de designer graphique ? De designer d’intérieur plutôt que d’architecte d’intérieur ? De designer textile pour rassembler les activités des artisanats et métiers d’art textile ? De designer sonore pour ingénieur du son ? De designer militaire pour fabricant d’armes ? Et donc, d’intelligent designer pour Dieu ?
L’évolution en France tend même à devancer nos outre-maîtres (Manche et Atlantique), puisque le concept de design alimentaire, par exemple, est apparu il y a quelques années en France, avec un succès qui semble vouloir durer.
Ne reste plus qu’à signer cet article :
B.E., blog designer.
Sur l’étymologie du mot Design et son évolution, voir le Dictionnaire international des arts appliqués et du design, sous la direction d’Arlette Barré-Despond, Paris, Editions du Regard, 1996, et Mode de recherche n°14, Paris, Centre de recherche Institut français de la mode (IFM), juin 2010.