L’architecture intérieure ça n’existe pas #031

Publié par Bertrand Ehrhart4 septembre 2019

On a failli s’énerver en lisant ce titre de la revue en ligne Chroniques d’architecture : « Au 32.Guersant, le lot décoration de l’Atelier Canal ». Lorsqu’on s’intéresse à l’architecture intérieure, on est parfois allergique au mot décoration, même si, bon d’accord, les architectes d’intérieur français sont bien les héritiers des décorateurs et autres ensembliers.

Lorsqu’on s’intéresse à l’architecture intérieure, on est parfois allergique au mot décoration, même si, bon d’accord, les architectes d’intérieur français sont bien les héritiers des décorateurs et autres ensembliers.

Mais associer l’Atelier Canal, qu’on aime bien – Patrick Rubin, ancien enseignant de l’école Camondo, inventeur du concept de réversibilité en architecture – et la notion de « lot décoration », ça fait mal, en pleine rentrée scolaire.
Mais il fallait lire la suite, qui décrit un travail de co-conception entre les agences LBB Architecture et l’Atelier Canal architecture. Le texte de l’article précise même que « la caricature de l’architecte et du décorateur, produisant deux projets antinomiques, [est] dépassée. »
Ouf.

Et de poursuivre :

« (…) Le parti-pris consistant à ne pas assujettir les aménagements intérieurs à l’enveloppe architecturale d’un espace donné, par exemple un immeuble de bureaux, est une technique éprouvée qui a existé de tout temps. La perte de nombreux savoir-faire, la recomposition des allotissements de travaux, les usages devenus habitudes ont progressivement gommé l’excellence et l’indépendance de ce qui était communément nommé «lot décoration» conduit par un décorateur-ensemblier. »

Mais oui ! On parle bien de la même chose, notre énervement de rentrée était donc dû à une lecture au premier degré d’un titre convoquant l’impertinence. Nous qui nous permettons la même chose avec le titre de cette série, ça nous apprendra. D’autant que l’article propose une mise en perspective historique qui consiste à rappeler que :

« (…) bien que le design soit indissociable de l’architecture et au service des usagers, la course aux délais et les nouveaux enjeux économiques ont fini par appauvrir puis formater cette spécificité de l’architecture intérieure. »

Pour Chroniques d’architecture, cette reconversion-réhabilitation du 32.Guersant est une réussite, notamment parce-que la conception des espaces intérieurs comme structurels a pu s’organiser simultanément, par deux agences, l’une avec l’autre en cohérence, dans sa spécialité.
Allez sur le site Chroniques d’architecture, ça vous fera du bien de lire un petit peu.

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