L’architecture intérieure ça n’existe pas #013

Publié par Bertrand Ehrhart4 avril 2016

Pôle emploi : Fiche 1102

Pôle emploi propose des fiches de renseignement pour les métiers que l’institution répertorie.

La fiche 1102 de pôle emploi regroupe les architectes décorateurs, les décorateurs, les architectes d’intérieur, les ensembliers décorateurs et les designers, sous une dénomination générale et commune :

Conception – aménagement d’espaces intérieurs.

On est surpris de trouver là le terme ensemblier, qui est pris dans son acception traditionnelle – celle des décorateurs en France avant la seconde guerre mondiale -, et non pas dans celle définie par les dictionnaires et autres ouvrages de référence plus récent, qui apparente les ensembliers aux métiers des décorateurs du théâtre et du cinéma.

Il semble pourtant que les enseignements proposés dans les écoles d’arts appliqués aient abandonné depuis longtemps le terme d’ensemblier.

Mais pôle emploi garde cette dénomination au moins pour une raison objective : le métier d’ensemblier décorateur est revendiqué par l’Institut national des métiers d’art (INMA), qui donne cette liste des pédagogies enseignées pour cette qualification :
Etude de l’agencement des intérieurs, étude du volume et de l’espace, éclairage et luminaire, étude des matériaux intégrés dans l’habitat et du mobilier contemporain. Dessin technique et architecture intérieure, histoire de l’architecture et caractéristiques des styles.
La mention dans le programme pédagogique de l’INMA – pour l’obtention d’un diplôme d’ensemblier décorateur – de l’histoire des caractéristiques des styles, semble constituer un objectif similaire à celui d’enseignements aujourd’hui largement passés de mode.
De plus, ce choix d’une qualification portant à la fois sur les métiers d’art et sur la conception d’espaces va à l’encontre de la spécialisation toujours plus accentuée des pédagogies, en arts appliqués comme ailleurs.

L’INMA est cependant un opérateur de l’Etat, sous la triple tutelle des Ministères de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, de l’économie, de l’industrie et du numérique, et de la culture et de la communication.

Le parcours des grands décorateurs de la fin du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle était souvent en effet celui de maîtres ébénistes ou autres tapissiers qui progressivement en venaient à diriger des chantiers de plus en plus importants et prestigieux, et devaient dès lors s’entourer d’artisans pour les réalisations qu’ils concevaient.

Faut-il dès lors considérer que le métier d’architecte d’intérieur, comme on l’appelle encore parfois aujourd’hui à défaut de designer d’espace ou d’ensemblier, est un métier de praticien des métiers d’art, qualification permettant de devenir – comme logiquement et traditionnellement – concepteur d’espaces ?

Dit autrement, et au risque de rallumer l’éternelle querelle entre artisans et designers comme entre praticiens et concepteurs, le diplôme d’ensemblier décorateur de l’INMA pose la question de savoir si les capacités spécifiques à la création d’un objet ou d’un meuble sont équivalentes à celles que l’on requiert pour la conception d’un ensemble, d’un espace à vivre, d’une architecture intérieure.

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