L’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs (Ensad) diffuse mercredi 18 octobre 2017 à 18h « Léon Moussinac, l’Héritage de Spartacus » en présence de son réalisateur Patrick Cazals.
Si l’on choisit de vous parler de cette projection ici, c’est que Léon Moussinac ne nous est pas inconnu, qui fut directeur de l’Ensad de 1946 à 1959.
Il succédait alors à Léon Deshair, rédacteur en chef d’Art & décoration, conservateur de la bibliothèque de l’Union centrale des arts décoratifs de 1904 à 1931, professeur en histoire de l’art à partir de 1920 puis directeur de l’Ensad de 1931 à 1941. Deshairs est le théoricien (il signe un rapport intitulé Faut-il réformer l’Ecole des Arts Décoratifs ? écrit en 1937) de la mission de l’Ensad, au carrefour entre art, architecture et industrie. Dans un rapport de 1944, il réaffirme que l’Ensad n’est ni une école technique (concurrence de Boulle, Estienne) fondée sur l’apprentissage d’un métier, ni une école des beaux-arts, dans la mesure où elle ne perd pas de vue l’union de l’utile et du beau.
Le contexte, à la fois professionnel et pédagogique, est alors celui de la rivalité entre architectes et décorateurs.
Léon Moussinac succède donc à Deshairs en 1946 à la direction de l’Ensad, mettant en place ses préceptes, qui aboutissent à la première promotion d’un diplôme de décorateur en 1949.
Léon Moussinac dans son bureau, vers 1946. Paris, bibliothèque de l’EnsAD © EnsAD
L’histoire de l’Ensad à cette époque est bien décrite dans les 2 tomes de L’histoire de l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs (1766-1941) et (1941-2010).
Moussinac arrive à la tête de cette école au moment de la naissance de l’école Camondo, créée notamment par René Prou, lui-même enseignant et chef d’atelier à l’Ensad.
Geneviève Pons, diplômée en 1946 du Centre d’art et de techniques qui deviendra l’école Camondo, témoigne du fait que la quasi intégralité de cette première promotion provient de l’Ensad, où des enseignants avaient recommandé à leurs élèves de poursuivre leur formation dans cette école nouvelle.
En effet, il semble que la mise sous tutelle des Beaux-arts de l’Ecole, par Louis Hautecoeur, associée à la création de l’ordre des architectes et à l’annulation de l’éphémère diplôme d’architecte décorateur – il est créé en 1939 pour disparaître aussitôt -, ait dégradé le projet pédagogique de l’Ensad. Léon Moussinac arrive dans ce contexte, et remet vite sur pied l’Ensad, puisqu’un diplôme de décorateur est officiellement mis en place en 1949, 3 ans seulement après son arrivée.
Sur la situation de l’Ensad durant les années de guerre, voir aussi Contribution pour une histoire de l’école Camondo 014.
A propos de cette projection sur le site de l’Ensad