On n’arrête pas l’intelligence artificielle

Publié par Bertrand Ehrhart25 octobre 2019

Pour ceux qui n’auraient pas encore compris, au Centre de documentation Camondo, nous exerçons une veille sur l’actualité de la production et de la recherche en architecture intérieure.

Nos outils de veille génèrent parfois du bruit, tout cela est une mise au point permanente, les machines ne font pas tout de manière automatique, on a du boulot pour encore quelques temps.

L’un de ces bruits est symptomatique à la fois de l’époque et du domaine arts appliqués : remontent fréquemment dans nos agrégateurs et autres mouchards numériques l’acronyme « AI », qui généralement ne se développe pas en « Architecture intérieure », mais plutôt, et une fois traduit en français, en « Intelligence artificielle ».

A propos de ça, nous sommes tombés mercredi 23 octobre 2019, jour du Canard enchaîné, sur une recommandation, signée du très bon Jean-Luc Porquet, de lecture convaincante :

Prendre la première page de La recherche de Marcel (P), la soumettre au moteur de traduction Google translate, lui demander de traduire le truc en 50 langues différentes, et une fois ça fait, lui demander le même turbin dans l’autre sens, c’est-à-dire à nouveau traduction mais en français.

Une fois torturé ainsi, le « Longtemps, je me suis couché de bonne heure » nous revient généralement en « Longtemps, je me suis couché tôt ».

Mais passé à certaines moulinettes spécifiques comme celle du zoulou de chez Google, ça donne « Pendant longtemps, je me suis couché le matin » ; venant du chinois, Google translate nous donne généreusement « J’ai dormi tôt pendant longtemps » ; depuis le cingalais « Il y a longtemps, j’ai dormi dans mon lit », ou encore, depuis le croate « Je suis allé au lit il y a longtemps », ou enfin, depuis le laotien « Pendant longtemps, j’ai dû dormir au début ».

Image issue du spectacle Dans la tête de Proust, Sylvie Moreau, Cie Omnibus

L’intelligence artificielle c’est bien, c’est marrant, ça nous promet de nous mettre au chômage, mais ça n’est pas encore capable de remplacer un mec qui passait ses journées au lit à écrire des phrases longues.

C’était le billet d’humeur un peu réactionnaire du bibliothécaire qui préfère les gens aux machines.

Le bouquin est signé Ricardo Bloch, A la recherche du texte perdu, Marcel Proust, Du côté de chez Swann Page 1, 2019, Philippe Rey édition.

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