Du gouvernement des formes, c’est le titre, édité cette année aux Presses du réel, est un ouvrage théorique, érudit et documenté etc, tandis que sa lecture en est fluide, il fallait le faire, David B l’a fait.
Sont convoqués dans le désordre Mies Van Der Rohe, Louis Khan, Aristote, Hegel, Semper, Le Corbusier, Perret, Mackintosh, Wright, Jean-Nicolas-Louis Durand, Kant, on en oublie.
Le formalisme de la mise en page et le format du livre sont en eux-mêmes une application, si l’on peut dire, de ce qu’évoque le titre « Du gouvernement des formes », où l’auteur préconise de parler de confection des formes plutôt que de conception.
S’il s’agit bien d’un essai théorique, le livre se lit comme une narration, où les formes seraient préexistantes pour certains (Rohe), et où la confection consisterait à les adapter à une fonction, à une typologie, qui elle-même déterminerait des choix esthétiques.
Où l’on ne parle guère de variété des formes, mais plutôt d’une esthétique de la variation, dans une démarche combinatoire (Khan).
Les conceptions de la forme évoquées par l’auteur s’appliquent dans l’ouvrage aussi bien au design qu’à l’architecture, où, par exemple, l’analogie entre musique et architecture (Hegel) se manifeste par le développement des formes (et des sons) par motifs en variations.
Les variations par motifs (Mackintosh) sont en dialogue constant et réciproque entre design (mobilier et ornementation) et architecture.
Cet ouvrage a de quoi intéresser particulièrement les architectes d’intérieur, selon nous, où l’auteur rappelle par exemple que Wagner fut à la fois architecte, architecte d’intérieur et designer, qualités qui assurèrent la cohérence conceptuelle et formelle du mobilier avec l’architecture.
La question de l’ornement est abordée, à contre-pied de Loos, avec un Wright contradicteur: « De l’ornement comme ce qui donne forme à la structure », avec la question qui se pose de la pertinence d’opposer art décoratif et art « pur ».
Enfin (mais nous somme loin d’évoquer l’ensemble des thématiques, telles les formes dites utiles, les formes organiques, la transparence etc), la question du design trouve une réponse dans une citation que nous ne connaissions pas d’Auguste Perret, qui le définit comme une « architecture appliquée » ! On prend.
Lisez Du gouvernement des formes, ça vous fera du bien de lire un petit peu, et retrouvez les ouvrages et articles signés David Bihanic disponibles à la bibliothèque de l’école Camondo
