En parcourant les listes de résultats d’une recherche « école de jeunes filles 6 rue Beethoven » sur Gallica, on est tombés sur un article, page 195 de La mode illustrée n°11, intitulé Jeunes filles d’aujourd’hui : ensemblières décoratrices
Ce titre faisant écho à L’article de la semaine #03, et aux recherches de Nathanaëlle Tressol, on est allé jusqu’à le lire.
Il s’agit d’une interview signée Yvonne Ostroga, personnage intéressant de l’entre-deux guerres, un peu journaliste, un peu bibliothécaire, auteure entre autres d’un « 25 professions pour les jeunes filles » qu’il faudra qu’on se procure un de ces quatre, et de quelques livres – très convenables – pour enfants.
Elle donne ici la parole à Mlle Strohl, ensemblière décoratrice qu’on découvre à l’occasion de cette lecture.
Le projet de l’article consiste à recommander, aux lectrices de La mode illustrée, qui voudraient s’orienter professionnellement vers la profession d’ensemblière, et après avoir constaté que la presse diffuse alors de plus en plus d’articles consacrés à « la décoration moderne », de prendre patience, et d’intégrer une école, avant d’exercer.
Mlle Strohl décrit son métier : « (…) à l’origine, (…) on s’adressait à l’ensemblier en lui confiant entièrement le soin de meubler et décorer une maison tout entière ou un appartement (…) ». « (…) Mais cela devient de plus en plus rare, (…) même avant la crise (…) », et de poursuivre sur le mode c’est devenu vraiment compliqué de gagner sa vie. Le discours ne diffère pas de beaucoup de ce qu’on a toujours entendu, et qu’on peut entendre aujourd’hui encore à propos de la crise du bâtiment, et du statut de l’architecte d’intérieur.
S’adressant à ses lectrices, Yvonne Ostroga demande s’il faut savoir dessiner pour exercer ce métier. Mlle. Strohl répond par l’affirmative, et recommande une école parisienne, et c’est là qu’un certain suspens intervient : … Mademoiselle Strohl recommande… de suivre les cours d’une école spécialisée… celle de la rue Beethoven.
Bien sûr, cela ne suffit pas, la jeune fille devra intégrer l’agence d’un décorateur, avoir de la patience et y apprendre le métier quelques années, avant de « s’installer chez soi », c’est-à-dire monter sa propre agence.
Yvonne Ostroga d’interroger alors Mlle. Strohl : » Et… Une fois « chez soi », mademoiselle, peut-on espérer gagner convenablement sa vie ? »
Mlle Strohl de répondre – « Hélàs ! » etc.
Derniers conseils éclairés de Mlle. Strohl : parler au moins l’anglais et l’espagnol, à cause de la clientèle étrangère qui est la plus importante, et avoir une bonne santé, parce que le métier d’ensemblière décoratrice est fatiguant.
Plusieurs questions se posent et lancinent, si l’on ose dire :
L’école dite de la rue Beethoven, qui finira par être absorbée par l’école Camondo, était-elle une si grande école de décoration, qu’on n’en cite qu’une seule dans cet article destiné à un jeune public féminin en 1933 ?
La mystérieuse Mademoiselle Strohl serait-elle une ancienne élève de cette école ?
L’article se termine par : « Pour tous renseignements, on peut s’adresser à l’école des arts décoratifs pour jeunes filles, 6, rue Beethoven, Paris (16e) »
Lisez « Jeunes filles d’aujourd’hui : ensemblières décoratrices », ça vous fera du bien de prendre connaissance des conseils de mademoiselle Strohl