Les Saintes Chéries est un feuilleton, c’est-à-dire une série du temps qu’on les appelait feuilletons, français madame, français monsieur, avec Micheline Presle et Daniel Gélin dans les rôles principaux.
Un épisode a surgi des abysses des internets ces dernières semaines, à l’aune de la disparition de l’actrice, qui a fait ressurgir un souvenir de très jeune téléspectateur ému par le premier épisode de l’année 1968: Eve et le déménagement.
Marquée par le personnage incarné par Jean Yanne, camionneur déménageur, la Concierge vous recommande de visionner cet épisode en particulier.
Le truc a pas mal vieilli bien sûr, et pourrait générer quelques hashtags outrés tant le rôle des femmes, tel qu’il était représenté avant mai soixante-huit, ici comme ailleurs, se cantonne à la vie au foyer, avec tout ce que cela pouvait impliquer de conformisme très 5ème républicain des trente glorieuses, durant lesquelles Moulinex « libérait la femme » et autres énormités.
On prend tout de même le risque, parce que l’épisode en question, notamment celui-là – tandis que tous présentent un intérêt, ne serait-ce que par la qualité de leur réalisation, signée Jean Becker -, illustre des tas d’aspects sociologiques, économiques, culturels, voire civilisationnels, aux répercussions toujours actuelles.
On n’en veut pour preuve que la première scène, qui offre un discours promotionnel immobilier qui s’adresse à « chère petite madame », et qui consiste à assurer le couple acquéreur d’un appartement encore en chantier dans une barre de banlieue, qu’ils seront là « comme à Paris, tout en étant à la campagne (…) les rois de France, déjà, transportaient leur cour à la campagne ».
Et chère petite madame de poser la question du nombre de placards. Les Bidochons avant l’heure.
Regardez Les saintes chéries, ça vous donnera une idée du contenu des salons des arts ménagers et autres SAD contemporains, ainsi qu’une idée de la sociologie du public acheteur des productions d’objets et d’espaces de ces années Pompidou, en retour de popularité médiatique ces temps-ci.