L’article de la semaine #043

L'éditorial du numéro 129-130 de la revue de géographie « Flux » s'intitule « Faire tenir ». Les usagers de la ligne 13 savent de quoi ça cause

Publié par Bertrand Ehrhart6 février 2023

On le rappelle ici régulièrement, les géographes ont plein d’informations à apporter aux créateurs d’espaces, designers comme architectes et autres praticiens des arts appliqués.

Un numéro spécial de la revue Flux, Cahiers scientifiques internationaux Réseaux et Territoires, paru en 2022, commence par un éditorial signé Jérôme Denis et Daniel Florentin, intitulé Faire tenir et entretenir les infrastructures.

Cet éditorial, et les articles du numéro, nous ont intéressés au départ, parce que nous avions pris au premier degré l’expression « faire tenir ». Quand on fréquente la ligne 13 du métro parisien régulièrement, c’est-à-dire tous les jours pour mériter un salaire, il s’agit systématiquement, tous les matins, pour la régie autonome des transports parisiens, littéralement, de faire tenir, dans les wagons de ce métropolitain, environ 5 fois plus de gens que prévus par les ingénieurs, urbanistes, spécialistes des flux, et autres politiques.

Alors on tient, on se tient chaud, on clusterise à mort, on regarde en l’air pour respirer, contraint qu’on est de renoncer à toute lecture

L’édito fait référence à la fresque de Lorenzetti Ambrogio (début du XIVe siècle à Sienne), connue sous le titre « Allégorie et effets du bon et du mauvais gouvernement », illustration ci-dessous.

Ambrogio Lorenzetti

Où (…) « avoir des infrastructures qui tiennent et un patrimoine bien entretenu est ainsi représenté comme un gage de stabilité politique et de prospérité sociale. »

Pour synthétiser, on comprend que l’enjeu est moins l’injonction de l’innovation ou d’un geste prométhéen créateur, que la maintenance !

C’est difficile, la maintenance, ce n’est guère à la mode, la maintenance, ça consiste en un travail qui ne se voit pas, c’en est même l’objectif ! Et puis c’est long, la maintenance, ce n’est guère distrayant, les salariés les plus compétents sont aussi les plus vieux, c’est moche, et en plus ils coûtent un pognon de dingue. Alors on l’oublie, on sous-paye le technicien, on laisse partir l’ancien, sans recueillir rien de son expérience du monde réputé « d’avant ».

On se retrouve dans le monde d’après, où, pour arriver à l’heure, il vaut mieux, finalement, prendre sa bagnole.

Lisez « Faire tenir et entretenir les infrastructures », lisez la revue Flux, ça vous fera du bien de lire un petit peu.

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