Le numéro 43/2022 de Livraisons d’histoire de l’architecture, en ligne, en accès libre, a pour dossier Pierre, papier, ciseaux: la représentation de l’architecture dans les autres arts.
La revue diffuse là plusieurs articles faisant référence aux frontons d’églises, aux micro-architectures du moyen-âge, à l’histoire de l’architecture à travers la cartographie, et aux dessus de portes ornementés de tapisseries.
Le dernier article du thème du numéro, signé Camille Napolitano, a retenu notre attention, qui s’intitule La représentation des devantures dans la photographie: constituer une grammaire visuelle commerciale, architecturale et ornementale (1920-1937).
La période des années 1920 et 1930 est en effet le moment d’un développement sans précédent du commerce en ville, avec sa typologie, la boutique.
La mode Art Déco du temps fait jouer avec les typographies monumentales, l’électricité est la nouvelle matière avec laquelle les architectes décorateurs peuvent jouer.
On parle là d’architectes décorateurs, mais on pourrait parler aussi d’ensembliers, ainsi que de nouvelles spécialités qui apparaissent, comme celles d’étalagiste, de devanturier, ou de publicitaire.
C’est l’époque qui précède l’Ordre des architectes, où il semble y avoir du travail pour tout le monde, où l’architecte est souvent promoteur immobilier, où le décorateur peut concevoir et signer sans entrave du mobilier, de l’objet, de l’architecture intérieure et de l’architecture.
C’est l’époque, aussi, de la spécialisation, puisque là où l’ensemblier pouvait imaginer un bâtiment, de la structure porteuse jusqu’à la serrurerie des fenêtres, en passant par le mobilier de cuisine et les couverts, on arrive à saturation, et il faut bien se partager le travail.
C’est l’époque enfin des créateurs de modèles, qu’on appellera plus tard designers, des ensembliers qui deviendront architectes d’intérieur.
L’article est illustré, certaines des photographies sont issues du fonds incroyablement riche du Musée des Arts Décoratifs, et certaines des devantures et vitrines de boutiques de ces années-là ont de quoi quasiment rendre nostalgique, lorsqu’il est permis de préférer le style Art Déco au style Carrefour ou Lidl.
Lisez Livraisons d’histoire de l’architecture, ça vous fera du bien de lire un petit peu.