L’architecture intérieure ça se chante #009

Quel peut bien être le lien entre l'exposition Engène Lami, au Musée des arts décoratifs, du 14 mars au 2 avril 2023, et les chansons de la Commune de Paris ?

Publié par Bertrand Ehrhart27 mars 2023

Dessin en Une signé Ferdinand Boutard, plasticien, qui fut objecteur de conscience, employé à la bibliothèque de l’école Camondo, dans les années 1990.

Eugène Lami (1800-1890). Premier décorateur moderne, c’est le titre de l’exposition, jusqu’au 2 avril 2023, qui rassemble 35 aquarelles du peintre et décorateur Lami, issues des collections du Mad.

On y apprend que le grand oeuvre d’Eugène Lami est la décoration du château de Ferrières (Seine-et-Marne), dans les années 1860, bâtisse monumentale signée Paxton, projet de 1829, construit dans les années 1850, sur commande de la famille Rothschild.

Voir Les Rothschild bâtisseurs et mécènes, François Loyer et Pauline Prévost-Marcilhacy, Paris, Flammarion, 1995, au catalogue de la bibliothèque de l’école Camondo.

Le contexte est frappant, quand la conception de ce château est contemporaine de la révolution de juillet 1830, sa construction de celle de février 1848, son inauguration par Napoléon le petit a lieu en 1862, tandis que les décors d’Eugène Lami courent jusqu’à la guerre avec la Prusse qui se finit dans le bain de sang des communards que l’on sait.

Au rez-de-chaussée du 266 boulevard Raspail, on ne connaissait Eugène Lami que pour avoir intégré son nom à quelques notices de bouquins et d’articles consacrés aux grandes demeures du XIXe siècle et à leurs intérieurs, on découvre, grâce à cette exposition, son rôle à Ferrières.

Or, le château de Ferrières, on le connaissait par un contemporain de Lami: Emile Dereux, auteur de nombreuses chansons, écrites avant, après, et surtout pendant le siège de Paris, en 1871.

Parmi celles-ci, une, au succès populaire plus durable que d’autres, parce que reprise par Armand Mestral, en 1971, dans un recueil de chansons publiées pour célébrer alors le centenaire de la Commune: Paris pour un beefsteack.

Le premier couplet de ce texte de chansonnier, qui pastiche le point de vue des anti communards

  • Vive la paix ! La France est aux enchères
  • Demain bourgeois, vous pourrez regoinfrer
  • Bismark attend au château de Ferrières
  • Que dans Paris Thiers lui dise d’entrer

rappelle que les prussiens tenaient des places fortes autour de Paris, dont le château de Ferrières, aux intérieurs si joliment ornés par Lami.

L’armée allemande, qui donc connaissait les lieux et avait dû les apprécier, occupera à nouveau le château durant la seconde guerre mondiale, mais c’est une autre histoire.

Pour les 150 ans de la Commune, en 2021, une autre reprise, qu’on partage ici, signée Bernard, dans une adaptation qui a consisté à virer la musique d’origine -le sous-titre du fascicule indique Sur l’air de dis-moi Trochu, dis-moi t’en souviens-tu ?, pour en proposer une nouvelle, plus énervée.

Le titre, pour marquer le changement par rapport à l’original, reprend un extrait de la fin du texte : La sauce à l’échalote.

L’architecture intérieure, ça a eu été chanté, ça se chante, et on n’a pas fini de chanter l’architecture intérieure. Que vive la Commune, par ailleurs.

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