Si la librairie est aujourd’hui une typologie de boutique, cela n’a pas toujours été le cas. Le libraire est une catégorie socio-professionnelle récente, mais qui se rattache à une histoire très ancienne.
Le libraire a d’abord été imprimeur, au XVe siècle, éditeur au XVIIIe siècle, a parfois été à la tête d’une armée de copistes, il a été scribe dans l’Egypte antique, traducteur très érudit, calligraphe et théologien dans le monde arabe contemporain du moyen-âge occidental…
Les auditoria, ici à Alexandrie en Egypte, sont un peu l’équivalent des cafés parisiens du XIXe siècle où l’information, la poésie, la musique, toutes formes de cultures, transitent.
S’y communique essentiellement une culture orale, mais peuvent y être lus des Volumen (papyrus), qui voyagent, à l’époque de la Rome antique, les long des routes commerciales, passant par Athènes, Alexandrie, Rome, Byzance, Lyon…
Dès le XIIe siècle, en occident, apparaissent les Stationarii, bureaux de copistes, et, parfois attenants, les librarii, étalages qui prennent place aux alentours immédiats des universités, la Sorbonne pour Paris, concentration qui perdure aujourd’hui, en ce qui concerne notamment les librairies proposant des manuels et autres ouvrages nécessaires aux études.
Le livre est alors une arme essentielle de la révolution culturelle qu’est la Renaissance.
Les stationnaires, espèces d’ancêtres des éditeurs-libraires, apparaissent donc bien avant l’invention de l’imprimerie.
L’imprimerie matérialise l’alliance de l’humanisme avec le monde des affaires commerciales. Très vite, les imprimeurs ne se contentent pas de publier, mais deviennent éditeurs.
Ci-dessus portrait du grand imprimeur du XVIe siècle français Robert Estienne, qui fonde la dynastie célèbre que l’on sait dans les écoles d’arts appliqués.
Les éditeurs se spécialisent, dans une volonté d’élargissement du marché du livre, y compris vers les populations ne maîtrisant pas la lecture. Les échoppes se multiplient, les libraires passent parfois commande à un éditeur, ou directement à un imprimeur, la concurrence est rude.
Si le métier de libraire n’est pas réglementé au sens d’un ordre ou d’un monopole garanti, l’ancien régime contrôle de près le marché.
En 1763, Denis Diderot cumule les fonctions d’auteur et d’éditeur, comme un architecte d’intérieur qui serait promoteur immobilier de ses propres productions.
Walter Scott et Byron, d’abord édités par John Murray en Angleterre, sont les auteurs des premiers ouvrages à passer le cap des 100000 exemplaires.
Les libraires sont en concurrence avec les éditeurs, les imprimeurs, les auteurs, mais aussi avec les colporteurs.
Librairie portable de colporteur.
Depuis le XVIe siècle, et jusqu’au début du XXe siècle, les colporteurs font voyager, de ville en ville, mais aussi dans les campagnes, toutes sortes de littératures, religieuse et populaire, recceuils de contes, manuels de savoir-vivre, etc.
1789 instaure la liberté de la presse et de publication, mais dès le début du premier Empire, Napoléon 1er instaure un système de brevet, délivré en fonction des opinions politiques des libraires, et rétablit la censure de l’ancien régime.
Le débat politique est permanent au XIXe siècle, avec ses 3 révolutions, qui prend la forme, ici de « mazarinades », mais aussi de recueils de chansons, support très populaire de coimmentaires de l’actualité. Le pouvoir est toujours très attentif aux imprimés, la presse et le livre sont réputés véhiculer des idées révolutionnaires, jusqu’à favoriser, dans l’esprit bourgeois, les révolutions de 1789, 1830, 1848.
Les plus gros tirages et les plus grosses ventes sont pour les recueils de contes.
La lavraria Bertrand, à Lisbonne, inaugurée en 1732, est réputée la plus ancienne librairie-boutique en rez-de-chaussée d’un immeuble de ville encore debout.
Les libraires du XIXe et du XXe siècle dénoncent la concurrence des kiosques de gare.
Autre typologie encore bien présente à Paris et autres grandes villes, à la fois témoins de l’histoire du métier de libraire et de l’histoire mobilière de la librairie, les bouquinistes.
Non loin du 266 boulevard Raspail, pour les parisiens de l’école Camondo, mais comme dans toutes les villes françaises, se trouvent de très bonnes librairies, dont le modèle économique fonctionne, notamment grâce au prix unique du livre, instauré par le pouvoir socialiste en 1982.
Le prix unique fut motivé entre autres par le fait que de nouvelles typologies d’espaces de vente du livre apparaissent, première Fnac ouverte en 1974, qui arrive alors avec un discount de 20%.
- Ouvrages disponibles à la bibliothèque de l’école Camondo: Bibliographie librairies, bibliothèques, histoire du livre
- Créé en 1892, le Syndicat de la librairie française
- Données produites pour le ministère de la culture: Le marché du livre
- L’apparition d’Amazon a eu cette seule conséquence positive d’avoir poussé les librairies indépendantes à se fédérer. Pour la parisiens, rdv sur parislibrairies.fr
- Sur Cairn.info La librairie indépendante entre passé et avenir
- Voir Rencontre avec Noël Godin, Jackie Berroyer
- Ecouter la série Histoire du livre en podcast sur France Culture, en 4 épisodes
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