De baraque en baraque, format carré, recueil de croquis, lavis, aquarelles et crayons de couleur, témoignage du passage et même du séjour de Cendrine Bonami au 170 de la rue de Rosny à Montreuil, terrain vague investi par une famille rom originaire de roumaine élargie aux cousins et amis, a été édité en 2014 par La ville brûle et l’ENSA Marne-la Vallée.
Les baraques sont installées sur une parcelle des fameux murs à pêches de Montreuil, se prolongent de potagers, et les croquis de Cendrine Bonami disent la trace des habitants, l’ambiance générale des lieux, des détails du quotidien, une ambiance graphique qui témoigne paradoxalement d’une certaine douceur de vivre, loin des clichés généralement associés aux roms et autres citoyens de seconde zone. Les baraques ne sont pas là pour durer, elles sont autant d’habitats précaires, et l’exploitation du sol pour faire pousser quelques légumes n’est pas non une plus prise de possession.
Une communauté permet à des lieux sous investis par la ville et ses habitants de servir à nouveau d’abri urbain, à des parcelles abandonnées de participer de leur mode de vie, où les habitants s’adaptent au lieu sans qu’ils leur soit besoin d’invoquer une quelconque notion de propriété.
A bien observer les lieux de vie des communautés rom, douces et colorées comme nous les propose Cendrine Bonami, on est en plein dans le développement durable, les notions de recyclage et autres idéologies de la décroissance, ce qui ne manque pas de sel ni de couleurs, à considérer l’actualité migratoire qui ferait pression sur nos économies moribondes.
L’ouvrage est beau, les croquis vivants et précis, le texte émouvant, on peut regretter le choix de n’avoir représenté aucun habitant de l’endroit, même si ces gens sont présents aussi grâce au lexique français-rom, et aux recettes de cuisine qui le concluent.