Camille stagiaire Sarrazin a quelque chose à vous dire

Notre bibliothèque participe au plan de conservation partagée pour la série de revues Productivité bureaux d’aujourd’hui, Bureaux d’aujourd’hui, Équipement Architecture intérieure, Architecture intérieure, CREE, Architecture intérieure CREE et Architectures CREE, au sein d’Archirès, le réseau des Écoles nationales supérieures d’architecture, du Ministère de la culture et du Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Bureaux d’aujourd’hui, Équipement Architecture intérieure et Architecture intérieure sont publiées par la Société d’édition et de presse, elles sont les ancêtres de la revue contemporaine Architectures CREE. La première est une revue mensuelle publiée de 1958 à 1968. Pour élargir son audience devenue trop restrictive, elle change de nom pour Équipement Architecture intérieure, qui devient une revue bimestrielle, publiée de février 1969 à décembre 1972, avec 24 numéros.

Ce titre fait écho au deuxième manifeste de l’UAM (Union des Artistes Modernes) publié en 1949. Ce mouvement est fondé le 15 mai 1929 par des artistes décorateurs et des architectes, dont Jean Prouvé, Le Corbusier, Pierre Jeanneret, Robert Mallet-Stevens, et Charlotte Perriand. Ils publient un premier manifeste Pour l’art moderne, cadre de la vie contemporaine pour définir leur mouvement. Lors de l’exposition « Formes utiles, objets de notre temps », de décembre 1949 à février 1950 au musée des Arts décoratifs, Georges-Henri Pingusson, le nouveau président, publie un second manifeste Manifeste 49 pour tenter de réaffirmer l’unité des membres. En annexe figure une liste des membres où chacun se désigne selon ses spécialités. Dans cette liste émerge la première apparition du terme « Architecture d’intérieur », sous la forme de l’acronyme AI, comme exercice professionnel reconnu. Charlotte Perriand utilise la mention AIE, « Architecture d’intérieur et équipement ».

Dans le numéro 106, premier de la revue Équipement Architecture intérieure, la transition entre les deux revues est annoncée avec un tirage à 20 000 exemplaires. La ligne éditoriale est redéfinie, sont abordés « tous les problèmes que pose la conception moderne et fonctionnelle du travail, aussi bien dans les sièges sociaux et bâtiments administratifs des sociétés que dans les collectivités publiques ». Chaque numéro est axé sur un thème majeur, comme le numéro 111 sur les open spaces. Sont publiées également des éditions spéciales, par exemple le numéro 121 « Spécial Bureaux Paysages » ou le numéro 117 « Spécial Magasins ». Ces deux revues peuvent donner l’impression que le métier d’architecte d’intérieur s’applique presque exclusivement à l’équipement de bureaux. Cet effet s’explique par le contexte de construction dans les années 1960 et 1970 : on délaisse les hôtels particuliers aménagés pour s’installer en périphérie, dans des nouveaux bâtiments collectifs comme des tours de bureaux. Il semblerait que cette construction exponentielle a donné le champ libre aux architectes d’intérieurs pour déployer leur talent sur ces structures.

La publicité, étant aussi un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur, est omniprésente et multiforme dans les revues : les publicités d’entreprises mentionnées dans les articles, les publicités récurrentes présentes dans tous les numéros, les publicités sous forme d’articles, et les publicités spécialisées selon le sujet du numéro. Avant d’arriver au sommaire, il y a environ 30 à 50 pages de publicités pour un total de 80 à 120 pages. Donc si la publicité, le mobilier ou l’équipement des années 1970 vous intéressent, nos deux revues vous combleront de bonheur !

Parmi les articles, certaines rubriques, parfois à la limite du publireportage et de la documentation commerciale, sont régulières comme « Flash », « Le fond engendre la forme », « Créations », et des présentations de nouveaux produits pour les bureaux. Les articles portent sur divers projets réalisés, toujours autour des bureaux et de l’équipement, avec une forte préférence pour les open spaces. En effet, à partir des années 1970, les open spaces ou bureaux paysagers se sont progressivement imposés dans les entreprises en France. Considérés comme un moyen de favoriser la communication, la transparence et les déplacements entre les salariés, ils fleurissent dans toutes les nouvelles constructions de banques, de compagnies d’assurances, d’entreprise de services, etc. Ainsi, il est naturel de retrouver une écrasante majorité d’articles sur le sujet.

Du point de vue de la forme, on remarquera la disparité entre les sommaires : la pagination peut être fausse voire absente, des logos tentent de catégoriser les articles en fonction du sujet, bref, les sommaires sont des tentatives toujours renouvelées de mise en page. Un sommaire mieux conçu surgit, enfin, dans le numéro 125. La rédaction semble, après avoir expérimenté de multiples idées graphiques, avoir trouvé la sienne. Ces essais se retrouvent avec les couvertures colorées des numéros 116 à 121 : la couleur du logo est adaptée à la couleur dominante de la photographie.

Le dernier numéro d’Équipement Architecture intérieure, le 130 de 1972, donne un avant-goût de la prochaine revue : Architecture intérieure. Annonçant la transition entre les deux revues, ce numéro affiche un nouveau titre et une nouvelle mise en page pour la couverture. D’autres nouveautés s’ajoutent : des citations d’auteurs comme Victor Hugo et Diderot, ainsi que des dessins de Sempé rendent les articles plus vivants.

Les domaines abordés s’élargissent progressivement avec les revues suivantes. Architecture intérieure et CREE (Création et recherches esthétiques européennes), spécialisée dans le design, fusionnent en 1977 pour devenir Architecture intérieure CREE. En 2015, la revue change de nom pour Architectures CREE, une revue plus généraliste où l’urbanisme, l’architecture, le design et l’architecture intérieure se côtoient.

Nous disposons des collections complètes d’Architecture intérieure, de CREE, d’Architecture CREE et d’Architectures CREE. La collection d’Équipement Architecture intérieure est aussi complète en version numérique, et nous sommes en pleine recherche des numéros manquants de Bureaux d’aujourd’hui (uniquement disponible en version numérique).

Merci à Stéphanie Rivoire, directrice de la bibliothèque et des ressources documentaires du MAD, et à tous les personnels de la bibliothèque pour leur accueil.